Suivant le principe développé dans le message précédent ("Cells that fire together, wire together"), parlons un peu de la "mémoire procédurale". Dans la littérature scientifique, cette forme de mémoire a reçu différentes dénominations : mémoire implicite, mémoire motrice, mémoire du cortex moteur, etc.
Prenons l'exemple classique de l'apprentissage du vélo. Lorsqu'un enfant apprend à faire du vélo, au début, ses gestes moteurs sont assez maladroits mais, progressivement (avec, parfois, quelques chutes !), les actions motrices impliquées dans le comportement "rouler à vélo" sont de mieux en mieux maîtrisées et deviennent de plus en plus "automatiques". Que se passe-t-il au niveau du cerveau ?
Durant cet apprentissage, le cortex moteur (plus précisément, les connexions synaptiques entre les neurones de ce cortex) subit des modifications constantes. Au plus l'enfant va produire les mouvements complexes impliqués dans l'action de rouler à vélo, au plus certaines connexions synaptiques vont se renforcer, au plus l'enfant maîtrisera les habiletés motrices reliées au comportement "rouler à vélo". Nous pouvons dire que ces modifications progressives, ce "renforcement" des connexions synaptiques (avec création de circuits neuronaux qui seront "activés" chaque fois que l'enfant va rouler à vélo) sont une forme de "mise en mémoire" de ce comportement. Ainsi, l'enfant a appris comment rouler à vélo et, une fois cet apprentissage réalisé, chaque fois qu'il voudra remonter sur un vélo, il se "souviendra" comment faire. C'est la mémoire du savoir-faire, du comment-faire. C'est une forme de mémoire, essentielle dans notre vie de tous les jours, qui nous permet de nous rappeler les "procédures" impliquées dans des actions motrices complexes.